Que ce soit dans le vêtement, le maquillage, la décoration, l'ameublement, l'architecture, le rose est de nos jours, en Occident, porteur des valeurs du féminin.
Souvent associé aux notions de fraîcheur, de jeunesse, d'innocence, le rose est la couleur de l'aube, des chairs d'enfant ; quand il est pâle, on lui prête des vertus apaisantes, calmantes ... On le retrouve dans les salles d'attente, sur les blouses des soignants en pédiatrie et maternité, sur les layettes sexuées à partir des années 1950 ...
Pourtant, ce n'a pas toujours été le cas ...
Dans l'iconographie chrétienne, le Bleu est la couleur que porte la Vierge Marie ; il habillera longtemps les femmes de la noblesse . Jusqu'au XVIIIème siècle, où la Marquise de Pompadour, la favorite du Roi, se prend de passion pour cette couleur et s'en pare de la tête aux pieds ... Le Rose devient alors synonyme de futilité, de légèreté, a des parfums de scandale , alors qu'il avait longtemps été porté par les Princes, les jeunes hommes, les enfants mâles comme un Rouge (symbole de pouvoir et de virilité) , juste un peu plus pâle. Ainsi, le triangle rose deviendra t-il la marque , apposée par les nazis aux homosexuels déportés dans les camps.
Quant aux linges , dans lesquels on maillotait les nourrissons , ils étaient le plus souvent blancs car il fallait les faire bouillir pour venir à bout des souillures et les pigments ne résistaient pas au lavage. L'invention des layettes sexuées est récente, elle date d'après guerre, quand l'industrie a mis au point des pigments chimiques, qui ne se délavaient plus, et qu'elle s'est mise à fabriquer en masse des vêtements et des objets de puériculture, de décoration, du mobilier... La notion de genre dans le vêtement et la maison est donc un dommage collatéral de la société de consommation !